Une image de Libreville (Internet) Credit:© 2025 D.R./Le Radar
Le gouvernement gabonais s’apprête à introduire, dès 2026, une nouvelle taxe d’habitation baptisée Contribution pour l’amélioration du cadre de vie.
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Cette mesure, qui touchera l’ensemble des logements résidentiels et professionnels situés en zones urbaines, est présentée comme un outil de modernisation fiscale. Mais elle suscite déjà de nombreux débats, entre nécessité budgétaire et crainte d’un alourdissement du coût de la vie.
Une taxe prélevée via l’électricité : simplicité pour l’État, contrainte pour les ménages
Fixé à 9 % du montant hors taxe de la consommation électrique, le prélèvement sera directement intégré aux factures d’électricité, collecté par la SEEG sur le modèle de la TVA.
Une méthode jugée efficace par les autorités, qui y voient un moyen de sécuriser les recettes fiscales.
Mais pour de nombreux ménages, ce mécanisme ressemble à une taxe imposée sans possibilité de contournement, dans un contexte où les charges liées à l’énergie pèsent déjà lourd.
Cette contribution s’ajoutera à la redevance de 7 % destinée aux ordures ménagères, instaurée en 2019. Malgré les 7,2 milliards de FCFA collectés en 2022, les villes du pays continuent de faire face à une insalubrité chronique, nourrissant les doutes sur l’efficacité réelle de l’utilisation de ces fonds.
2,8 milliards de FCFA par an : une bouffée d’oxygène pour l’État.
Selon les projections officielles, la nouvelle taxe devrait générer près de 2,8 milliards de FCFA par an. Une manne financière importante pour un État qui cherche à renforcer ses investissements dans les infrastructures et les services publics.
Les autorités affirment que cette contribution permettra de mieux répartir l’effort fiscal. Les zones rurales, quant à elles, bénéficieront d’une exonération temporaire, afin d’atténuer l’impact sur les ménages les plus vulnérables.
Une pression supplémentaire sur des budgets déjà fragilisés
Reste une question centrale : l’effet sur le pouvoir d’achat.
L’accumulation de taxes sur la facture d’électricité entraînera mécaniquement une hausse des coûts pour les consommateurs. Un signal mal perçu dans un contexte où le coût de la vie est déjà élevé.
Pour plusieurs économistes, une mise en œuvre progressive, en commençant par les logements à usage professionnel , aurait permis de limiter le choc pour les familles, notamment les Gabonais économiquement faibles (GEF).
Transparence : la condition pour restaurer la confiance
Au-delà du volet financier, la confiance du public dans la gestion des fonds publics reste l’un des principaux défis. Beaucoup s’interrogent : ces recettes seront-elles réellement consacrées à l’amélioration du cadre de vie ?
La redevance sur les ordures ménagères, dont les résultats peinent à se matérialiser sur le terrain, a laissé un sentiment de scepticisme largement partagé.
Les experts appellent à une communication plus régulière, à des audits et à une transparence totale pour éviter que cette nouvelle taxe ne soit perçue comme un prélèvement supplémentaire sans bénéfice visible.
Un test pour la gouvernance fiscale
La taxe d’habitation pourrait devenir un levier de modernisation durable si l’État parvient à en démontrer l’utilité concrète. À défaut, elle risque d’accentuer le fossé entre les citoyens et les institutions, déjà mis à rude épreuve par la succession de hausses tarifaires.
Un véritable test grandeur nature pour la politique fiscale du pays.
Louis Paul Modoss

